Hé oui, je suis de retour... après deux semaines de chaos.Bon, vous inquiétez pas, je vais bien, là. XD
Pour faire court, j'ai fait une crise de nerfs et c'était pas le moment de m'embêter
. Des CV, des lettres de motivation, des dossiers à remplir, des allers-retours entre Paris et chez moi quasiment tous les jours, des frais insensés d'inscription, et il fallait en plus que je me fasse agresser dans la rue par des abrutis membres d'associations caritatives.
Qu'on ne se méprenne pas, leur cause est tout à fait noble
. Mais quand on fait rempart de son corps dans la rue pour m'empêcher de passer en criant un gros "STOP", ça me rebute
. Surtout après une semaine passée à courir dans tous les sens. Ensuite, cet abruti commence à nous parler de sa cause. Enfin, rectification.
"Vous êtes majeurs?"
Moi-"Mineure"
Amie-"Majeure"
Et là, il se tourne vers mon amie - en fait, il me tourne le dos carrément- pour lui parler de sa cause. Hé quoi, chuis mineure et donc, je ne vaux pas la peine d'écouter ce qu'il a à dire? Bon ok, en fait j'en avais rien à foutre, j'avais fait la queue à l'université sous la pluie pour que dalle et donc je ne voulais que rentrer chez moi et prendre une douche bien chaude pour finir sous ma couette avec mon lapin en peluche
.
Seulement là, ça a dérapé. Oui, le gentil monsieur pour la cause humanitaire a commencé à réclamer de l'argent. Des versements mensuels, pour être précise. Mon amie étant trop gentille - et pas vraiment de mauvaise humeur- elle n'a pas osé dire les choses clairement à savoir "J'ai 18 ans, pas de boulot, pas d'argent, et je ne compte pas me mettre à découvert pour votre cause, je suis désolée, je ne donne que ce que j'ai".
Donc ça a trainé en longueur pour mon plus grand désespoir. Le type n'était pas bête, il pige que non, pour l'instant, elle ne donnera pas d'argent. Ah et la p'tite gosse à côté, elle a 17 ans, donc elle donnera pas d'argent, elle a pas encore le droit, donc on s'en fout toujours
.
"Mais vous savez, la majorité de nos donnateurs sont des étudiants, et blablabla... moi-même je suis étudiant en blablabla...."
Oui, mais voilà: à 18 ans on n'est pas forcément indépendant. Et oui, y'en a qui continuent à vivre chez leurs parents, qui n'ont pas de boulot mais qui espèrent... et pour eux, 10 euros par mois pompés pour aller on ne sait où, c'est énorme!
C'est ce que j'ai fini par lui dire, énervée par cet abruti qui a fini par sortir l'arme ultime: la culpabilisation.
"Ouais, z'avez l'argent pour vous payer de belles chaussures, mais pas pour des pauvres petits enfants qui meurent du SIDA en Afrique?"
Non crétin, l'argent on l'a pas. C'est nos mères qui l'ont. Alors désolée, mais quand on dépend encore financièrement de ses parents, on dilapide pas le peu qu'ils nous donnent pour notre survie. On sait qu'un jour, si on a de l'argent, on le donnera. Mais là, maintenant, c'est pas possible. Alors ta culpabilisation à deux balles, tu sais où tu te la mets. Tant mieux si tu peux aider financièrement, mais nous non. Pas de boulot, on arrive à peine à payer une chambre universitaire à 100 euros le mois et nos parents triment pour qu'on ait une vie à peu près correcte.
Dans un ou deux ans, ok, on donnera sans doute autant qu'on le pourra. Parce que dans deux ans, on sera plus mûrs, on saura ce qu'on veut vraiment, et on aura peut-être les moyens d'aider les autres.
Alors agresser les gens dans la rue même pour la bonne cause, c'est moche. Il suffirait de dire bonjour, de donner une adresse pour se renseigner et de sourire.
Ca aurait évité à une de mes meilleures amies d'avoir les larmes aux yeux tellement elle se sentait coupable et tellement elle en voulait au type de lui avoir dit toutes ces atrocités (comme quoi elle avait pas de coeur, elle était insensible, le chose ne la touchait pas au point de vouloir donner de l'argent tous les mois
). Ca m'aurait évité d'avoir à envoyer bouler l'autre crétin moi-même. Et oui, la p'tite gosse inutile à ses yeux l'a carrément jarreté en deux phrases. "On n'a pas d'argent et on ne donne pas ce qu'on n'a pas, point barre."
Sérieusement, ces deux semaines ont été catastrophiques. Se sentir coupable de ne pas pouvoir donner un peu d'argent à ceux qui en ont besoin et subir la tristesse - refoulée - d'une amie en même temps, c'est beaucoup. Sans compter tout le reste, mais ça, c'était le plus important. Y'en a qui devraient apprendre que y'a pas que dans le tiers-monde que y'a des gens qui ont besoin d'argent, et que c'est pas parce qu'on est enfin majeur qu'on est apte à prendre des décisions comme ça, aussi nobles soient-elles.
Au bout de deux semaines, fallait que ça sorte. Je suis pas souvent aussi agressive et de mauvaise humeur, mais là, c'était la grosse goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
L'important, c'est que ça aille mieux et que je sois enfin de retour. Y'a des choses qui me manquaient faut le dire. Ce forum en fait partie, et puis quelques personnes qui se reconnaitront forcément
. J'espère vous voir bientôt les filles, parce que vous me manquez, et que je vous adore.
J'embrasse tout le monde et vais rattrapper mon retard XD